« Les collaborateurs sont une partie prenante clé »
« Les collaborateurs sont une partie prenante clé »
En fonction depuis le mois de novembre 2023, Jean-Luc Sonnay est le « Monsieur développement durable » du RHNe. Il a notamment pour missions de recenser les actions déjà entreprises au sein de l’institution, d’établir un bilan carbone des différents sites, de coordonner l’identification et la priorisation des enjeux pour les parties prenantes, des objectifs d’amélioration et des plans d’actions et d’accompagner la mise en place de projets allant dans le sens de la durabilité. Interview.
HCOM : La responsabilité sociétale des institutions et le développement durable sont devenus des thèmes incontournables. Quelle est la situation au RHNe ?
Jean-Luc Sonnay : En effet et heureusement ! Aujourd’hui, cette thématique s’est progressivement imposée dans les agendas de la plupart des institutions et des entreprises. Pourtant, il a fallu attendre des décennies pour que cela soit le cas, sachant que le premier rapport alarmant sur l'état de l'environnement, publié par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN, basée en Suisse), date de 1950. La notion de développement durable a ensuite été théorisée dès 1979. En 1987, la Commission mondiale sur l'environnement et le développement (rapport Brundtland) a popularisé le terme en le définissant comme « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ».
Plus récemment, l’ONU a fixé un Agenda 2030 qui s’articule autour des 17 Objectifs de développement durable (ODD), sur lesquels nous nous sommes basés pour sonder l’ensemble des collaborateurs du RHNe en octobre dernier.
Au RHNe, une première initiative transversale de management durable a eu lieu en 2019, orientée vers des actions environnementales. Cela a apporté des améliorations durables, par exemple sur la gestion des déchets. De gros efforts ont également été entrepris sur les aspects énergétiques des bâtiments et des installations.
L’objectif aujourd’hui est de développer une politique de responsabilité sociétale cohérente et qui nous permette d’apporter notre contribution aux objectifs de développement durable.
Une politique RSO (responsabilité sociétale des organisations) doit être intégrée dans la stratégie et la gouvernance institutionnelle. Elle s’appuie sur deux piliers :
1. La prise en compte et l'intégration des attentes des parties prenantes (patients, collaborateurs, dirigeants, partenaires, voisins, etc.) dans la conduite des affaires de l’institution ;
2. Le principe d’amélioration continue des pratiques et des performances sociétales.
« Il n’y aura pas de progrès social sans une économie saine ; il n’y aura pas d’économie du tout sur une planète morte ; il n’y aura pas de transition écologique sans progrès social et réduction des inégalités. » Philippe Saint-Aubin, Rapport sur la responsabilité sociétale des organisations : dynamique européenne et outils internationaux, Journal officiel de la République française, octobre 2019.
Pourquoi impliquer les collaborateurs-trices dans la démarche ?
Parce que seul on ne va pas loin… Pour porter ses fruits, une démarche RSO doit absolument être soutenue par les organes de gouvernance (Conseil d’administration, Collège des directions), mais également mobiliser l’intelligence collective et être relayée par des ambassadeurs et ambassadrices sur le terrain. Certaines études suggèrent que, de manière générale, l'adhésion d'environ 15 à 30% de l'organisation permet à un changement de devenir fédérateur.
Par ailleurs, les collaborateurs sont une partie prenante clé, qui plus est dans une institution centrée sur l’humain comme un établissement de soins. Et nous avons la chance, au RHNe, d’avoir un terreau fertile de professionnels concernés et désireux de se mobiliser, par exemple les membres du Cercle pour des soins durables ou les 43 personnes qui se sont portées volontaires pour participer à de futurs groupes de travail. Ces acteurs du changement contribueront à identifier les thématiques sur lesquelles agir collectivement.
Il y a aussi un enjeu de motivation du personnel et d’attractivité du RHNe comme employeur.
Des actions de sensibilisation, comme la Fresque du climat, proposée dans le catalogue de formation interne, permettront de créer une base commune de compréhension des enjeux, qui pourront ensuite être débattus au sein d’ateliers participatifs.
Quelles sont les prochaines étapes à court terme ?
Un plan de mobilité est en cours de réflexion. Et, à partir du 4 mars, nous démarrons l’élaboration d’un bilan carbone complet du RHNe, accompagnés par un consultant et en utilisant une plateforme informatisée.
Le bilan carbone permettra de quantifier les émissions de gaz à effet de serre générées par nos activités, directement et indirectement, par sites et par catégories d’émissions pertinentes. Il s’agira notamment d’analyser les impacts de la consommation d’énergie, de la mobilité, de l’alimentation, des déchets, des médicaments et des autres achats.
Des objectifs et des indicateurs seront identifiés en vue de plans d’actions de réduction de notre empreinte carbone et du suivi des résultats sur une base annuelle. Cette démarche pourra être complétée ultérieurement d’une analyse d’impacts sur la biodiversité.
Les hôpitaux suisses sont confrontés aux mêmes problématiques. Comment se fait le partage d’expériences ?
La tendance est à nommer des responsables RSO dans les hôpitaux, à analyser les impacts et à prioriser des actions de réduction. Nous nous sommes regroupés au sein du Réseau des responsables durabilité des hôpitaux romands, qui s’est constitué fin 2023. Avec justement pour but des partages d’expériences et de bonnes pratiques.
Plus spécifiquement dans le domaine médico-soignant, un Réseau de soins durables romand voit également le jour. Le 13 mars prochain, un premier symposium, co-organisé par le RHNe, aura lieu aux HUG et portera sur la transition dans les soins.
En terme de développement durable, quelle est votre vision de l’hôpital idéal ?
En tant que grand émetteur de CO2 mais aussi en tant que secteur qui va subir les conséquences du changement climatique, il est impératif que les établissements de santé jouent leur rôle dans la lutte contre ces problèmes.
Je rêve d’un hôpital ayant au cœur de sa politique institutionnelle la volonté de réduire ses impacts négatifs, en impliquant l’ensemble de ses parties prenantes, et qui œuvre à l’écoconception de ses structures et de ses pratiques de soins. En gardant bien entendu le patient au centre de toutes les préoccupations, mais avec un axe fort de prévention et de promotion de la santé.
Pour plus de détails, consultez le blog du RHNe.