L’hôpital public innocenté lors d’un procès fictif

  
 

Les 3 et 4 novembre derniers, quatre procès fictifs ont vu s’affronter de véritables avocats et d’éminents accusés au Palais de Rumine à Lausanne. Sous le titre « Dernières générations », les disputes de Rumine ont mis sur le banc des accusés quatre puissantes institutions: l’hôpital, la frontière, la voiture et la croissance.

Le procès de l’hôpital public (le CHUV, pour ne pas le nommer) a débouché sur de riches passes d’armes. Selon l'acte d'accusation, l’institution a omis de rester à la place qui lui avait été assignée au sein de la santé publique. Fort de sa position dominante, l’hôpital aurait capté l'essentiel des financements, mais aussi la quasi-totalité des professionnel-le-s de la santé. Plus grave, il aurait volontairement violé l'obligation de soins qui lui est conférée par la loi en privilégiant la technologie plutôt que les relations humaines. Peine requise au terme du réquisitoire: 2 ans de prison avec un sursis de 5 ans.

Le prévenu hôpital était incarné par le socialiste Pierre-Yves Maillard. L’ex-ministre vaudois de la Santé a contesté toute faute face à un jury populaire composé de près de 300 personnes. Sa place dans le système de santé publique? « Assurer la fonction de dernier recours. Quand la lumière est éteinte partout ailleurs, celle de l'hôpital reste allumée. »

Au terme de deux heures et demie de débats, l'hôpital a été acquitté. Comme l’a souligné Pierre-Yves Maillard, « le vrai coupable est ailleurs ». Aux dernières nouvelles, il court toujours.

Le lien pour voir le procès fictif en vidéo:

www.youtube.com/watch?v=esTVgVs0VjU

https://vimeo.com/881594500

Le casting du procès de l'hôpital

  • Accusé: Pierre-Yves Maillard, conseiller national socialiste et ancien conseiller d’État vaudois chargé de la Santé
  • Président du tribunal: Me Loïc Parein, accompagné de l’expert Samuel de Vargas, secrétaire général de l’association Engagés pour la santé!
  • Accusatrice: Me Antonella Cereghetti, accompagnée de l’experte et professeure à l’Université de Lausanne (UNIL) Stéfanie Monod, cocheffe du Département d’épidémiologie et systèmes de santé à Unisanté.
  • Défenseur: Me Bertrand Demierre et son experte Brigitte Rorive, présidente de l’Hôpital Riviera-Chablais.
  • Témoin 1: Béatrice Schaad, responsable du centre d’étude et d’amélioration du vécu hospitalier au CHUV. Elle défend l’idée que le renouvellement critique de la relation de soins peut donner une place nouvelle aux patients et à leurs proches et ainsi, par la médiation, changer l’hôpital de l’intérieur.
  • Témoin 2: Fred Paccaud, professeur honoraire de santé publique à l’UNIL. À ses yeux, une meilleure prévention devrait permettre de diminuer la pression hospitalière.
  • Témoin 3: Eric Bernheim, vice-président d’Assura. Pour lui, l’amélioration de la qualité des soins et la maîtrise des coûts requièrent que l’hôpital s’ouvre à une gestion transversale du parcours du patient. Gestion que les assureurs peuvent orchestrer.
  • Témoin 4: Rebecca Ruiz, conseillère d’État socialiste chargée de la Santé. Elle incarne l’État à la fois régulateur, arbitre, financeur, propriétaire, exploitant et soumis aux lois. Elle s’engage pour que l’hôpital, bien public, trouve sa juste place dans les réseaux de soins.