« Notre force, c'est de ne pas travailler seuls, mais en équipe »
« Notre force, c'est de ne pas travailler seuls, mais en équipe »
Le 19 octobre, le département de gériatrie, réadaptation et soins palliatifs (DGRSP) fêtait ses 10 ans au cours d'une demi-journée académique placée sous le thème de « L'interdisciplinarité, source d'innovation ». Mise sur pied par la Dre Yolanda Espolio Desbaillet, médecin-cheffe du département, Karim Mekdade, infirmier-chef du département, et Meggie Tripet, secrétaire du département, la manifestation a attiré une centaine de médecins, soignant-e-s et thérapeutes à l'auditoire de Pourtalès.
La Dre Yolanda Espolio Desbaillet et Karim Mekdade reviennent sur cette demi-journée académique. Entretien.
- Pourquoi avoir célébré les 10 ans du DGRSP en organisant une demi-journée académique ?
- Dre Yolanda Espolio Desbaillet : Il était important de marquer l'anniversaire du département avec ce qui est son essence même, c'est-à-dire l’interdisciplinarité et la pluralité des compétences et des spécialités. Nous disons souvent que le gériatre, le réadaptateur et le palliativiste ne travaillent jamais seuls, mais en équipe. C'est ce qui fait notre force. Nous souhaitions également montrer le soutien de nos pairs en universitaire, avec la présence de conférencières et conférenciers des HUG et du CHUV. Ainsi que présenter nos spécialités souvent méconnues et encore jeunes dans le panorama médical: 30 ans pour la gériatrie et moins de 10 ans pour les soins palliatifs en tant que spécialité médicale. Quant à la réadaptation, elle est devenue une spécialité à part entière, dans les cantons romands, en 2022.
- Karim Mekdade : Avec cet anniversaire, nous avons voulu remercier toutes nos collaboratrices et collaborateurs et rappeler le chemin parcouru. Nous souhaitions également mettre en avant la pluralité des compétences et la formation. Quoi de mieux pour cela, que de réunir toutes les spécialités en un symposium. Nous avons également communiqué à l’externe et avons eu un écho positif avec la présence, dans le public, de médecins, soignants, pluriprofessionnels de santé, du canton et d’ailleurs, ainsi que, parmi les conférenciers, du chef du service de la santé publique, Vincent Huguenin-Dumittan.
- Quelles ont été les grandes étapes des 10 ans du département?
- Dre Yolanda Espolio : En 2012, la création du DGRSP a fait suite à la volonté de renforcer l’identité spécifique de la réadaptation, à l'époque réalisée dans les centres de traitement et de réadaptation (CTRs), et de la gériatrie. Les premières années ont été consacrées à la restructuration des sites, ayant amené la création d’une maison de vie et de santé sur le site de Couvet en partenariat avec les Perce-neige. Elle réunit le soin et le social autour de résidents cérébrolésés.
2016 a vu la structuration de la filière gériatrique, avec la mise en place d’une unité de gériatrie aigue (UGA-CDF) et de réadaptation gériatrique (REaGer Le Locle). Parmi les autres étapes importantes, il faut encore citer l’intégration de La Chrysalide en 2018 et la création de l'unité de soins de transition (UST- Le Locle).
2019 a concrétisé la mise sur pied de la GSPmob, un concept totalement innovant qui regroupe les compétences de deux spécialités, la gériatrie et les soins palliatifs, et de deux professions, infirmiers et médecins. La GSPmob répond aux besoins de soutien des équipes de première ligne ainsi qu'aux besoins principalement gériatriques des services d’urgences.
- Karim Mekdade : Après la mise en place, en 2018, de la coordination des flux de réadaptation, le dispositif a dû être adapté en 2020 avec l'ouverture des unités Covid en UGA, puis en réadaptation sur le site du Locle et, lors de la deuxième vague, sur le site du Val-de-Ruz.
Dès 2020, nous mettions en place le projet de réorganisation de la réadaptation (Rehavenir) pour répondre aux défis cliniques et anticiper le nouveau modèle de financement de la réadaptation « ST-Reha ».
2021 a aussi été une année riche en nouveautés, avec la liaison orthogériatrique, l'ouverture d’une consultation infirmière en réadaptation, la mise en place d’un service de planification des thérapies dans le service de réadaptation et la recertification de la Chrysalide. Nous avons également participé à la création du Centre de la mémoire, conjointement avec le service de neurologie, le CNP et AROSS.
En 2022, le Centre du sport du Val-de-Ruz a été certifié Swiss Olympic. Et cette année, nous avons mis en place la coordination de la consultation ambulatoire de gériatrie.
- Quels sont les principaux défis qui attendent le DGRSP ?
- Dre Yolanda Espolio : Le vieillissement de la population, le passage d’un système hospitalocentré à un système en réseau intracommunautaire, ainsi que l'augmentation de la demande en soins spécialisés, induiront un besoin d’externalisation des compétences gériatriques, accompagné d’une nécessité de formation spécifique.
L'augmentation des maladies non transmissibles fait que la réadaptation est l'un des enjeux de demain. Elle doit permettre, malgré la maladie chronique, de maintenir l’autonomie fonctionnelle et si possible cognitive, avec l'intégration d’une prise en charge ambulatoire.
Le défi des soins palliatifs est de réussir à changer l'image de cette spécialité. Elle s’occupe certes de patients cancéreux, mais également d’insuffisants cardiaques ou respiratoires, de personnes avec des maladies neurologiques évolutives, etc., et ce, à chaque stade de la maladie. Il faut intégrer les soins palliatifs dès le diagnostic de maladie à pronostic sombre, quelle que soit la durée de vie estimée.
Force est de constater que ces défis rejoignent ceux du service de la santé publique, relevés lors de la présentation de M. Huguenin-Dumittan, chef dudit service, lors de notre événement.
- Quel bilan tirez-vous de cette demi-journée académique ?
- Karim Mekdade : Les retours sont très positifs. Les participants ont apprécié la qualité et la pluralité des interventions. Nous constatons également des retombées sous forme de demandes de collaborations, de renseignements et de présentations de notre travail lors d'autres événements. En soirée, la partie festive, ouverte à toutes les collaboratrices et tous les collaborateurs du DGRSP, a rencontré un franc succès. Rien de tel qu’un moment de plaisir partagé pour les remercier et les féliciter de leur implication, tant au quotidien que dans les différentes phases de restructuration.
Je voudrais remercier toutes les personnes qui se sont investies dans cet événement, en particulier les collaboratrices créatives qui se sont investies pour le moment festif et ont magnifiquement décoré la salle.