Primes et déprime
Primes et déprime
Léonard Blatti, directeur des finances et directeur du Centre des services transversaux (CST)
Chaque année à pareille époque, les pronostics vont bon train pour tenter de deviner à quel niveau nos primes d’assurance-maladie seront portées l’année suivante. Le verdict tombera à la fin du mois de septembre. Les assureurs ont déjà annoncé la couleur : augmentation de 7.9% des coûts à charge de l’assurance obligatoire des soins au 1er semestre 2023 par rapport à l’année passée ! Ça sent le roussi et l’impact sur nos primes est inévitable, estimé entre 8 et 10%. Cette hausse s’ajoutera à celle de ces dernières années ainsi qu’à l’augmentation généralisée des charges liée à l’inflation. Difficile à accepter et à supporter pour beaucoup de ménages.
Cette période est aussi l’occasion pour les partis de présenter leurs solutions potentielles pour lutter contre ce phénomène devenu récurrent : caisse maladie cantonale et/ou publique et/ou unique, plafonnement des primes à charge des ménages, co-financement de l’ambulatoire par les cantons, réduction des réserves, changements de caisse plus fréquents, etc. Toutefois, aucune de ces mesures n’a d’impact réel sur les coûts de la santé car elles visent principalement à répartir le gâteau différemment entre les financeurs du système. Le Parlement fédéral peine à trouver des consensus sur les quelques pistes qui pourraient avoir de réels effets : prix des médicaments, revue du catalogue des prestations remboursées… Et il n’y en a pas tant que cela.
Sans solution à court ou moyen terme, c’est tout le système de santé suisse qu’il faudra réformer. Plusieurs voix, au sein des hôpitaux et des cantons notamment, appellent en effet à une réforme en profondeur du système pouvant même aller, comme l’a proposé encore tout récemment une ministre cantonale de la santé, jusqu’à la suppression de l’assurance obligatoire des soins.
Reste donc à trouver la solution optimale et à la faire accepter. Avec les augmentations de primes, le Parlement fédéral, ainsi que la population, seront certainement plus enclins à accepter des changements à l’avenir. Je suis toutefois convaincu que je pourrai faire un copier-coller de cet éditorial dans une année.