« Les institutions de santé sont confrontées aux mêmes défis »
« Les institutions de santé sont confrontées aux mêmes défis »
Expert en environnement et développement durable, Clemens Lang accompagne les hôpitaux, dont le RHNe, vers une croissance équilibrée.
Il est un concept devenu incontournable durant cette dernière décennie. Le développement durable qui comprend aspects environnementaux, économiques et sociaux, fait désormais partie intégrante de la stratégie à long terme de bon nombre d’institutions de santé en Suisse. Le RHNe en a d’ailleurs fait l’une de ses priorités institutionnelles, avec le lancement, ce lundi 30 octobre, d’une enquête auprès de l’ensemble de ses collaborateurs-trices. Il leur est demandé d’évaluer l’importance, dans leur contexte professionnel, des 17 objectifs de développement durable adoptés par l’ONU, considérés comme le cadre de référence. Une démarche participative inédite pour Clemens Lang, expert en environnement et développement durable. Ce dernier a été mandaté par le RHNe pour accompagner l’hôpital cantonal vers une croissance équilibrée et efficiente, en attendant l’engagement, le 15 novembre prochain, d’un spécialiste en développement durable : « De nombreux projets ont déjà été mis sur pied au RHNe. Nous proposons d’aller encore plus loin. Cette enquête présente deux avantages : elle permet d’impliquer davantage les collaborateurs dans cette démarche mais également de les inciter à mener une réflexion sur le développement durable dans leur sphère privée ».
D’importants défis environnementaux
Docteur en physique de l’environnement et du climat, Clemens Lang possède, depuis deux ans, un mandat similaire à l’hôpital cantonal fribourgeois : « Le système hospitalier suisse est responsable de 6,7% de l’empreinte carbone nationale. Toutes les institutions de santé sont, globalement, confrontées aux mêmes défis : réduire leur consommation d’énergie, diminuer leur impact sur la pollution des eaux, favoriser les achats responsables ou encore gérer de manière plus efficiente leurs déchets ». Et de préciser : « Certains volets présentent des potentiels d’amélioration plus évidents, à l’instar du domaine énergétique. D’autres, comme la gestion des déchets, nécessitent davantage de réflexions et d’innovation. Le tri efficient est une première étape indispensable et déjà mise en pratique par les hôpitaux, comme au RHNe. Aujourd’hui, il est nécessaire d’élargir les types de matériaux à recycler mais également de diminuer la quantité des déchets produits ». Les chiffres de l’OMS sont parlants : le volume mondial annuel des rebuts médicaux se monte à environ à 5,2 millions de tonnes par année. En plus de s’aligner sur les objectifs de la Confédération, qui vise la neutralité carbone d’ici 2050, ces mesures impliquent des économies substantielles, « une motivation supplémentaire dans un contexte où s’imbriquent crises successives mondiales et fragilité financière des hôpitaux », analyse Clemens Lang. Optimiste, ce dernier estime que les hôpitaux suisses peuvent prétendre à une neutralité carbone de leurs émissions directes d’ici une dizaine d’année.
Le développement durable au profit de l’humain
Outre les défis environnementaux, le développement durable implique une dimension sociale importante, avec, en point de mire, le bien-être et la santé des collaborateurs-trices : « Un environnement de travail sécuritaire et attractif est au cœur du concept de développement durable. Ces impératifs prennent d’ailleurs tout leur sens dans un contexte de pénurie de personnel soignant », note l’expert. Egalité de traitement et de salaire, conciliation vie privée / vie professionnelle, nouvelles formes de gouvernance ou encore opportunités d’évolution sont autant de critères inhérents à la croissance équilibrée d’un hôpital, qui doit, malgré tout, composer avec une autre réalité : « L’économie est le troisième axe du développement durable. C’est un thème fort mais sensible. Les institutions de santé doivent réussir à gérer les pressions financières, optimiser l’efficience de leurs procédures, moderniser leur organisation, rester résilientes face aux catastrophes climatiques, tout en garantissant un environnement de travail attractif et une prise en charge de qualité de ses patients, précise Clemens Lang. « Le développement durable passe également par des infrastructures adaptées. Le concept émergeant « d’architecture thérapeutique » peut également être une piste intéressante pour les institutions de santé. Des études montrent que l’on favorise la guérison des patients si les hospitalisations ont lieu dans un environnement naturel à l’extérieur, coloré et chaleureux à l’intérieur et où les nuisances, sonores, notamment, sont atténuées. On détient la preuve, ici, que les technologies énergivores ne sont pas les seules solutions à la prise en charge correcte des patients ».
Rappel : vous êtes invité-e-s à répondre à notre enquête sur le développement durable jusqu’au 10 novembre. Les réponses nous permettront d’évaluer l’importance que vous donnez aux 17 objectifs de l’ONU dans le contexte du RHNe. Dans un deuxième temps et sur la base des résultats de l’enquête, des groupes travail auxquels vous êtes également convié-e-s seront constitués.