Don de cornées au RHNe
Don de cornées au RHNe
En Suisse, 800 à 1000 personnes âgées de plus de 16 ans sont en attente d’un don de cornées pour recouvrer la vue. Le RHNe prélève ce tissu depuis fin avril.
Tout le monde peut potentiellement être donneur de cornées de 16 à 87 ans, et pourtant la couche supérieure de l’œil reste la partie du corps la moins donnée. Sur l’ensemble des donneurs inscrits en Suisse, près d'un sur dix choisit d’exclure un organe ou un tissu de ses dons post mortem. Et dans la grande majorité des cas, ce refus concerne la cornée. En cause ? La méconnaissance du public sur ce don et une crainte d’ordre symbolique : « Les yeux sont souvent considérés comme le reflet de l’âme. Mais il est important de rappeler qu’on ne prélève pas les yeux, juste la cornée, précise Marie.Pierre Chambet Cousin, infirmière spécialisée aux soins intensifs et coordinatrice du PLDO (Programme latin du don d’organes) au RHNe depuis 13 ans. On n’offre pas son regard, mais la transparence de sa vision uniquement. À la restitution du corps, le visage est intact. »
Formée à ce prélèvement aux HUG et certifiée, Marie.Pierre Chambet Cousin effectuera les prélèvements de cornées au RHNe. Car depuis fin avril, le RHNe a mis en place une procédure, en parallèle avec Fribourg et Sion, pour recueillir les cornées de donneurs dans le cadre du développement du don de tissus par le PLDO et Swisstransplant. « Il y a un réel manque de cornées en Suisse. Jusqu’en 2020, on en importait la majorité d’Europe et des États-Unis, explique Marie.Pierre Chambet Cousin. Mais le suivi qualité ne pouvait ainsi pas être effectué par nos soins. Raison pour laquelle Swisstransplant a décidé de stopper ces importations. »
Contrairement aux autres organes et tissus, la cornée peut être prise jusqu’à 24 heures après le décès, dans tous les services du RHNe, et non uniquement aux soins intensifs lors d’une mort cérébrale. « Cela laisse davantage de temps à la famille pour réfléchir lorsque la position du défunt sur le don d’organes n’a pas été précisée, souligne Marie.Pierre Chambet Cousin. La cornée n’étant pas vascularisée, il n’y a pas de problème de compatibilité sanguine ou tissulaire comme c’est le cas pour les transplantations d’organes. Et l’on peut être donneur de 16 à 87 ans. » Pourquoi cette limite d’âge ? « Notre cornée se développe en embryonnaire. Elle possède ensuite un nombre donné de cellules qui se détériore avec l’âge. Plus on vieillit, moins la densité de cellules est importante. Or, il faut un nombre minimal de cellules pour que la cornée soit utile. »
La greffe de toute l’épaisseur de la cornée ou d’une seule couche n’est employée qu’en dernier recours, quand tous les autres protocoles ont échoué. Le greffon a alors une durée de vie d’environ 10 ans. Qui sont les 800 à 1000 personnes en attente d’un don de cornée en Suisse ? « Des personnes ayant souffert d’infections dues aux lentilles, d’herpès, de lésions consécutives à un accident, une agression ou une brûlure ou des personnes atteintes d’une malformation congénitale », détaille Marie.Pierre Chambet Cousin. Sans risque de rejet, hormis celui inhérent à une potentielle, mais rare, infection, le don de cornées donne d’excellents résultats et permet une récupération rapide de l’acuité visuelle. Mais certaines contre-indications au don existent : « On ne peut par exemple pas être donneur si l’on souffre de certaines maladies neurologiques, d’une infection, d’une hépatite, d’une maladie auto-immune ou néoplasique ou encore d'un mélanome. Par contre, avoir été opéré de la cataracte, être myope, presbyte ou astigmate n’empêche pas de s’inscrire comme donneur. »