Patients en attente de placement : des conséquences financières également

Par Léonard Blatti, directeur des finances et directeur du Centre des services transversaux (CST).

Depuis plusieurs semaines, le RHNe accueille de nombreux patients en attente de placement dans ses lits. Ces patients, qui ne devraient en principe pas être pris en charge dans un milieu hospitalier, sont sources de nombreuses difficultés opérationnelles. Le Collège des directions a entrepris de nombreuses démarches avec l’ensemble des acteurs du réseau pour réduire le nombre de ces patients et permettre leur sortie vers un lieu de vie ou de soins plus approprié. A ce stade, malheureusement, toutes ces propositions sont restées vaines et le fardeau de ces prises en charge est laissé à la seule responsabilité du RHNe.

Cette situation n’a pas que des conséquences sur le corps médico-soignant, le RHNe subit également un impact financier conséquent. Ces prestations sont en effet financées au tarif d’un établissement médico-social (EMS) alors que nos coûts structurels sont ceux d’un hôpital. Si nous recevons un financement de la part de l’Etat pour combler une partie de nos coûts, celui-ci est calculé sur une activité normale et s’avère clairement insuffisant dans la période que nous vivons.

De plus, la cinquantaine de patients en attente de placement que nous accueillons ces dernières semaines nous a contraint à annuler certaines interventions, respectivement à ne pas en planifier ou à en reporter. Nous devons donc renoncer à prendre en charge des patients qui nécessitent des soins hospitaliers et pour lesquels nous pourrions facturer des tarifs plus proches de nos coûts. A ce stade, nous pouvons estimer la perte de recettes y relative à environ 5 millions de francs depuis le début de l’année. Plus inquiétant, sans solution dans le réseau, une remontée du nombre de patients COVID dans les lits, en l’absence de solution de sortie pour les patients en attente de placement, pourrait mettre le système hospitalier sous une pression encore supérieure à celle vécue précédemment.

Pour terminer sur une note positive, je suis heureux que nous ayons pu renégocier, il y a 2 ans, les tarifs applicables aux assurances-maladie pour les patients en attente de placement. Nous pouvons depuis lors facturer les prestations médico-soignantes (examens, physiothérapies, médicaments, etc.) en plus de l’hébergement et des soins de base, ce qui n’était pas le cas auparavant.

J’appelle de mes vœux que nous trouvions, collectivement dans le système de santé publique, des solutions qui nous permettent de sortir de cette situation compliquée et insatisfaisante pour les patients comme pour l’hôpital. Et j’adresse mes remerciements aux équipes qui ne ménagent pas leurs efforts pour assurer la prise en charge de tous les patients qui se présentent à l’hôpital.