Indexation. Vous avez dit, indexation ?
Indexation. Vous avez dit, indexation ?
Par Gérald Brandt, directeur des ressources humaines
Depuis fin 2022, la Suisse (ainsi que de très nombreux pays en Europe) connaît une nouvelle phase inflationniste, induisant une augmentation des prix nettement perceptible sur les biens et services. Les nombreuses incertitudes actuelles sur le plan international, ainsi que les incidences directes et indirectes liées à ce contexte sur l’économie suisse, ne favorisent pas le maintien d’une stabilité des prix, telle que nous l’avons connue ces dix dernières années. L’ensemble de ces facteurs n’est pas sans conséquences sur la rémunération, ainsi que sur le pouvoir d’achat qui en découle et qui se trouve ainsi érodé.
Afin de contrer ce renchérissement, il est fait appel à l’indexation des salaires, qui revient à couvrir l’augmentation des coûts par une adaptation d’égale valeur. Ainsi, cette indexation revient à compenser le renchérissement évalué sur une période donnée (en principe de 12 mois) et ne correspond pas à une augmentation des salaires, mais uniquement au maintien du pouvoir d’achat.
Selon l’Office fédéral de la statistique (OFS), le renchérissement annuel moyen en 2022 s’est monté à 2.2%. Ce taux est, immanquablement (et pratiquement automatiquement), répercuté sur les prix. Mais qu’en est-il dans le domaine de la santé ? Si personne ne s’offusque de l’augmentation du prix de la coupe de cheveux chez son coiffeur ou sa coiffeuse, ni de celui du café matinal dans son restaurant préféré, l’indexation du renchérissement sur les salaires du domaine de la santé ne s’opère pas aussi simplement par un ajustement des prix. Ainsi, il est nécessaire de trouver d’autres sources de financement qui, dans la conjoncture actuelle, sont difficiles à mobiliser.
Malheureusement (ou heureusement du point de vue des primes maladies), aucun mécanisme ne prévoit, dans la Loi fédérale sur les assurances maladies (LAMal), une compensation automatique du renchérissement du coût de la vie sur le prix des prestations facturées par les organisations de santé. Les Conventions collectives de travail (CCT) conclues au sein du RHNe intègrent des mécanismes d’indexation. Elles devraient également pouvoir être financées de façon adéquate, et ce par respect pour les professionnel-le-s qui s’engagent au quotidien dans le domaine de la santé.
Néanmoins, et malgré le contexte financier très incertain dans lequel se trouve l’institution, une indexation partielle du renchérissement se montant à 1% du salaire brut a pu être intégrée aux salaires versés au mois de janvier 2023. Toutefois, elle ne comble pas l’entier du renchérissement observé et conduit à une diminution salariale. Dans ce sens, il serait dorénavant souhaitable qu’un mécanisme puisse également être appliqué au système tarifaire, afin de garantir, à l’avenir, une indexation adéquate des rémunérations du personnel hospitalier, visiblement grand perdant de la spirale inflationniste de ces derniers mois, alors que l’apport des professionnel-le-s du domaine de la santé à la société n’est plus à démontrer. ABE.