Editorial - L’instant d’après
Editorial - L’instant d’après
Par Gérald Brandt, directeur RH
Ainsi, il semblerait qu’il y ait eu un avant, un pendant, et qu’il y aura un après SARS-CoV-2. Cette pandémie, pratiquement sortie de nulle part, n’a pas seulement déstabilisé les systèmes de soins de la majeure partie des pays, mais elle aura également induit une nouvelle composante dans nos pensées: une forme de paradoxe plus soutenue, mêlant la peur à l’optimisme. La peur face à l’incertitude que soulève la situation, mais également l’optimisme de voir émerger de nouvelles perspectives, notamment au niveau des comportements. Chacune et chacun semble aspirer à un « monde meilleur ».
Il y avait donc un avant, comprenant de nombreuses convictions, tant personnelles que collectives, souvent fondées sur des faits ou des données, parfois aussi sur des croyances. Un système de soins à la pointe, des situations médico-soignantes difficiles traitées à satisfaction, malgré les nombreuses difficultés rencontrées, avec son lot de problématiques de gestion, que ce soit sur le plan technique, le plan financier, ou encore sur le plan humain ou politique, engendrant son lot d’insatisfactions et de blocages. Bref, un ciel bleu rempli de nuages, annonçant un possible changement, sous forme de tempête, ou un orage.
Il y a eu un pendant, orageux, avec son lot de craintes et d’incertitudes, où il aura fallu « se serrer les coudes », faire preuve de solidarité et d’entraide. Dans cette situation, les collaboratrices et collaborateurs du RHNe auront été formidables, démontrant, s’il le fallait encore, l’extraordinaire capital humain qui travaille au quotidien au sein de l’institution.
Dorénavant, il y a un après, avec certaines voix qui s’élèvent, notamment pour critiquer les mesures prises (ou pas) et ce à quelque niveau que ce soit; d’autres pour revendiquer de nouvelles mesures, mais aussi pour reconnaître les efforts consentis. Immanquablement, la situation a marqué les esprits.
Il y aura un après, c’est certain. Mais sera-t-il forcément meilleur ? Permettra-t-il de mieux prendre en compte les questions d’inégalité ? D’effacer les problématiques liées aux comportements inadaptés, comme le harcèlement moral ou sexuel ? Rien n’est moins sûr, à entendre d’ores et déjà certaines voix, ou à observer certaines attitudes et certains comportements. Pourtant, comme pour toute crise qui a un effet miroir sur la situation vécue, elle permet de (se) remettre en question, et de procéder aux changements nécessaires, afin d’éviter de se retrouver dans une situation analogue. Mais c’est justement ce qui paraît être le plus difficile, quand bien même il devrait être mieux reconnu et soutenu.
Quoi qu’il en soit, il est plus que nécessaire de se poser les bonnes questions sur le long terme, induisant également une remise en question de certaines pratiques ou attitudes, mais qui vont permettre de passer outre les clivages, les a priori, les réticences, les craintes et les préjugés ou encore les fausses croyances qui ne permettent pas à l’humain de pleinement mettre son capital en œuvre. La solidarité rencontrée et vécue durant cette période particulière doit pouvoir perdurer, également dans l’instant d’après.