Soins infirmiers forts : du nouveau
Soins infirmiers forts : du nouveau
Date de publication : 26.02.2025
Par Gérald Brandt, directeur des ressources humaines.
Le 28 novembre 2021, les Suisses ont très largement plébiscité, à hauteur de 61% (63,9% dans le canton de Neuchâtel) l’initiative « Pour des soins infirmiers forts ». Depuis, la mise en œuvre des deux volets prévus par la Confédération peine à se concrétiser. Toutefois, un coup d’accélérateur semble se profiler.
Comme souvent, le système fédéraliste suisse implique une mise en œuvre au niveau cantonal. Ce principe peut contribuer à une certaine disparité entre les cantons. Berne, le Valais ou encore Vaud avaient annoncé, il y a quelques mois déjà, des mesures fortes - coup de pub, ou véritable avancée ? -, alors que le canton de Neuchâtel n’avait pas encore clairement affiché la couleur. C’est désormais chose faite avec l’élaboration d’un plan cantonal. Le 18 février dernier, le Service cantonal de la santé publique (SCSP), en présence de la conseillère d’État en charge de la formation, Crystel Graf, et du conseiller d’État en charge de la santé, Frédéric Mairy, a convié les différents partenaires de la santé du canton afin d’aborder le volet cantonal de la mise en œuvre de l’initiative qui, comme le prévoit le Conseil fédéral, s’effectue en deux phases :
- Phase 1 : elle consiste à encourager la formation dans le domaine des soins infirmiers en se basant sur une loi fédérale. Cette dernière incite les cantons à planifier les besoins en relève, à évaluer les besoins en terme de formation et à proposer diverses aides, notamment pour la reconversion professionnelle, le soutien aux écoles et aux étudiant-e-s. Ainsi, dans le canton de Neuchâtel, 1100 professionnel-le-s de la santé vont devoir être formé-e-s d’ici à 2032 (660 infirmiers-ières de niveau HES et 440 de niveau ES), ainsi que 100 ASSC par année sur 8 ans. Sommes-nous prêt-e-s pour accompagner, accueillir et intégrer ces personnes ?
- Phase 2 : elle doit permettre d’améliorer les conditions générales de travail, notamment par la négociation de conventions collectives de travail (CCT). Or, le canton de Neuchâtel s’est déjà, et ce depuis plus de 20 ans, doté d’une telle CCT. En parallèle, une nouvelle loi est également en préparation, devant contribuer à améliorer les conditions de travail.
Concrètement, et dans un premier temps, l’offensive de formation doit contribuer à augmenter la capacité de formation à court terme. Vouloir encourager la formation est certainement un axe qui permettra – partiellement – de répondre aux besoins accrus en santé de la population, ainsi qu’à combler une pénurie de personnel qualifié avérée. Toutefois, cela ne sera pas suffisant. Il s’agira également de mettre en œuvre, au sein des établissements de soins, des mesures à même d’intégrer, dans les meilleures conditions possibles, ces personnes de façon à ce qu’elles restent actives dans le milieu professionnel à moyen et long termes. Pour ce faire, une saine culture est nécessaire. Permettre à chacune et chacun d’exercer son métier sans devoir se soucier de comportements inadéquats devrait être un droit commun. Chacune et chacun a le devoir, dans ce sens, de favoriser l’émergence et le maintien d’un climat de travail sain.
À quand une vision large et concertée des professions des soins et de la santé qui reconnaisse, sur le long terme, la contribution effective des professionnel-le-s de la santé qui œuvrent au quotidien dans la prise en charge des patient-e-s? Il reste encore du chemin à parcourir. Pour que le sens du travail prenne également effet au poste de travail, il est plus que nécessaire de mobiliser tous les moyens utiles, afin que cela devienne une réalité sur le terrain. Les soins deviendront, ainsi, plus forts.