Une formation ludique pour mieux comprendre les enjeux climatiques
Une formation ludique pour mieux comprendre les enjeux climatiques
Lucas Navarro, sage-femme au RHNe depuis 2014, anime « La Fresque du climat ». Cet atelier participatif visant à sensibiliser au dérèglement climatique est proposé dans le cadre de la formation continue à raison de quatre sessions par année.
En quoi consiste « La Fresque du climat » ?
Lucas Navarro : Cette animation de trois heures, créée en 2018 par le spécialiste du changement climatique Ce?dric Ringenbach, se fonde sur le dernier rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Elle permet de prendre conscience de la problématique environnementale de manière ludique. On entend beaucoup parler de dérèglement, mais on ne sait pas forcément quels sont les gestes qui peuvent avoir le plus d’impact. Cet atelier donne l’opportunité d’explorer de manière collective les enjeux de la crise climatique et les éléments qui y sont liés.
- Pourquoi proposez-vous cet atelier au RHNe ?
- La question climatique m’intéresse depuis longtemps à titre personnel. Il y a un peu plus de deux ans, j’ai suivi la formation de l’association Fresque du climat puis je suis devenu animateur. J’ai déjà fait des interventions au sein d’entreprises ou à l’université par exemple. Il me semblait intéressant de proposer cette sensibilisation en milieu hospitalier. En Suisse, l’hôpital représente en effet environ 8% des émissions de gaz à effet de serre alors qu’il ne participe qu’à hauteur de 15 à 20% de la santé de la population. Or nous sommes là pour soigner, donc c’est un peu le serpent qui se mord la queue. Raison pour laquelle il est encore plus important de limiter notre impact. Selon l’OMS, le changement climatique est « la plus grande menace sanitaire à laquelle l’humanité est confrontée ».
- Quelle est la situation actuelle ?
- Pour ne pas dépasser une augmentation de la température mondiale de 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle, ce qui est déjà au-delà des objectifs des Accords de Paris fixés à 1,5 °C, il faudrait que, dans tous les secteurs, on diminue les émissions de gaz à effet de serre de 4 à 5 % par an jusqu’en 2050. Mais en réalité aujourd’hui, on se dirige plutôt vers une hausse de 3 °C.
- À quels niveaux peut-on agir au sein d’un hôpital ?
- Il faut mettre l’accent sur tous les secteurs, même s’il est vrai que certains polluent plus que d’autres. Le secteur de l’alimentation est un grand pourvoyeur de gaz à effet de serre à cause des produits d’origine animale. Certains médicaments, par exemple certains gaz anesthésiants, ont aussi de forts effets réchauffant. Le service des achats est aussi concerné, en fonction de la provenance des produits, de leur nature jetable ou non. Il y a encore la question du chauffage, de l’isolation, de la climatisation…
- Quelles sont les mesures qui ont déjà été prises au RHNe ?
- Elles sont nombreuses : la réduction de l’utilisation du PET, la suppression au bloc opératoire de certains gaz anesthésiants à effet de serre remplacés par des produits injectables, la pose de panneaux photovoltaïques à La Chaux-de-Fonds et les nombreux chantiers de modernisation lancés en 2020 sur ce site qui nous ont valu le certificat de l’Agence de l’énergie pour l’économie pour la réduction des émissions de CO2 et la consommation de kilowattheures. Pour la suite, on pourrait par exemple également installer des filtres sur toutes les fenêtres au lieu de climatiser des bureaux, limiter davantage l’usage de certains polluants pour nettoyer les sols ou encore instaurer, comme l’a déjà fait le CHUV, une journée végétarienne chaque semaine pour réduire la consommation de produits d’origine animale. La mise en place d’une commission de durabilité est la prochaine étape à franchir, pour aller plus vite et plus loin.
- Que peuvent faire les collaboratrices et collaborateurs à leur échelle ?
- Réduire les gaz à effet de serre générés par le transport, en favorisant le covoiturage ou les transports publics. Il existe déjà des incitations à la mobilité douce au sein de l’hôpital, comme des bons de réduction sur les vélos électriques. Au niveau individuel, l’alimentation d’origine animale est celle qui pèse le plus sur les émissions. En effet, cette dernière représente 15 à 20% des gaz à effet de serre et pose des problèmes au niveau de l’utilisation des sols et de l’eau alors que les épisodes de sécheresse sont de plus en plus importants. La nature de l’aliment a bien plus d’impact que sa provenance. Ainsi, manger local ne suffit pas. Il faut se demander si on peut encore se permettre de manger autant de viande, surtout que c’est aussi une aberration du point de vue de la santé.
- À qui s’adresse la formation ?
- À toutes et tous ! Il n’y a aucun prérequis, aucune attente et aucun jugement. De toute façon, personne n’est parfait en matière de comportement durable. À partir du moment où on s’intéresse au problème, c’est déjà un pas dans le bon sens.
Formation « La Fresque du climat » : La Chaux-de-Fonds : 7 février et 3 octobre 2023, de 9h00 à 12h00 ou de 13h à 16h Pourtalès : 4 avril et 28 novembre 2023, de 9h00 à 12h00 ou de 13h à 16h Collaboratrices et collaborateurs du RHNe : gratuit CCT21 : CHF 75 Externes : CHF 100 Inscription : hne.formation@rhne.ch |