La qualité de vie passe par un périnée en bonne santé

 

Invisible mais essentiel, le périnée est mis à rude épreuve lors de grossesses et d’accouchements. Les conséquences des lésions du plancher pelvien sont parfois importantes et peuvent altérer considérablement la qualité de vie des femmes. Or, pendant de nombreuses années, le sujet n’a peu ou pas été abordé. Pour la Dre Romina Capoccia Brugger, médecin-cheffe du service d’obstétrique du RHNe : « Il est grand temps de permettre à chaque femme d’accéder à une prise en charge précoce et leur permettre ainsi de prévenir les conséquences ou de corriger les effets néfastes de la grossesse et l’accouchement sur leur périnée. » Gynécologues, physiothérapeutes et sages-femmes du RHNe ont donc décidé d’unir leur force en lançant un projet interdisciplinaire autour de la rééducation périnéale.

La grossesse : une période délicate

 


 

Dre Romina Capoccia Brugger, médecin-cheffe du service d’obstétrique du RHNe

Durant la grossesse, les muscles et tissus se relâchent. Le périnée ne fait pas exception. Depuis quelques mois, les professionnel-le-s du RHNe proposent une séance prénatale en physiothérapie, dispensée sur tous les sites de l’hôpital cantonal, dès la 32e semaine de grossesse : « L’objectif de cette séance est de sensibiliser les femmes à l’importance d’un périnée en bonne santé. On leur présente l’anatomie du plancher pelvien, ses fonctions et leur prodiguons des conseils pour reconnaître les signes d’alerte et gérer les potentielles fuites », explique Stéphanie Gérard Mattsson, physiothérapeute cheffe d’unité sur le site de Pourtalès.

L’accouchement : alerte rouge !

L’accouchement, qu’il soit par voie basse ou par césarienne, peut être l’ennemi juré du périnée. Lors de leur séjour à la maternité, les jeunes mamans sont désormais invitées à aborder cette problématique par petits groupes, sous l’œil bienveillant d’un-e physiothérapeute et d’une sage-femme : « Ces séances post-partum offrent un espace de parole où toutes les questions peuvent être abordées et où les femmes peuvent confronter leurs idées reçues avec des professionnel-le-s », explique la physiothérapeute. Un exemple ? « Le « stop-pipi » ! (ndlr : méthode qui consiste à arrêter d’uriner avant d’avoir vidé complètement sa vessie). À éviter absolument au risque de perturber le fonctionnement normal de l’appareil urinaire », prévient la Dre Capoccia Brugger. Les jeunes mères repartent ensuite avec leur bébé et une brochure d’informations « afin de relire tranquillement toutes les indications à la maison », précise Stéphanie Gérard Mattsson.

 


 

Stéphanie Gérard Mattsson, physiothérapeute, cheffe d'unité

Des physiothérapeutes spécialisé-e-s leur proposent ensuite un suivi ambulatoire, dispensé sur tous les sites du RHNe, sous forme de séances de rééducation. Celles-ci sont prescrites d’office par les gynécologues et prises en charge par l’assurance de base : « Nous travaillons à remuscler le plancher pelvien grâce à du biofeedback (ndlr : technique qui permet à une personne de prendre conscience et de contrôler certaines fonctions physiologiques de son corps) et un entraînement fonctionnel associé à des exercices abdominaux. Nous donnons également des conseils sur les postures et l’hygiène de vie à adopter et pratiquons des exercices de respiration profonde. Tous ces éléments font partie intégrante de toute rééducation périnéale », note la physiothérapeute. Et d’ajouter : « Les femmes doivent rester bienveillantes avec leur corps et lui laisser le temps de récupérer. Renforcer d’abord l’invisible avant de reprendre une activité physique plus soutenue, c’est la clé pour retrouver la forme. »

À noter qu’il n’est jamais trop tard pour prendre soin de son périnée ! En cas de symptômes d’incontinence urinaire, gaz ou selles, d’une sensation de pesanteur pelvienne, de douleur ou de gênes, n’hésitez pas à demander une prescription de rééducation du périnée à votre gynécologue.